Groupe Seuil » Recherche et développement en architecture » Stop au gâchis, le réemploi est là !

Stop au gâchis, le réemploi est là !

Réduction carbone et des déchets, préservation des ressources naturelles, intérêt économique, évolutions législatives, source de créativité, intérêt patrimonial, création de richesse et d’emplois nouveaux… Le réemploi est une réponse efficiente !

L’économie circulaire nous permet de mettre en oeuvre des matériaux issus de déconstruction et de rénovation à la place de matières premières ou transformées qui nécessitent de l’énergie et qui fragilisent les milieux naturels. Il est temps de se saisir pleinement de ces opportunités afin de développer les filières et d’offrir des solutions exemplaires, bas carbone.

Le secteur du bâtiment et des travaux publics est l’un des plus gourmands en termes de ressources. Le sable, par exemple, est la deuxième ressource la plus utilisée au monde après l’eau.

«Le sable, enquête sur une disparition» de Denis Delestrac

Toutes les ressources naturelles font l’objet d’une planification rigoureuse pour en maîtriser l’accès, rendu de plus en plus complexe. Leur répartition sur la surface de notre planète est également hétérogène, créant des tensions là où l’accès aux ressources est sous contrôle voire impossible.

Le secteur du bâtiment représente environ 19% de la production de déchets du BTP, soit 46 millions de tonnes par an (49% démolition, 38% réhabilitation et 13% construction neuve). Aujourd’hui, le taux global de valorisation des déchets du bâtiment représente environ 48 à 64%.
(Source : Ministère de la transition écologique 09.2020).

Le statut de « déchets » est lourd de conséquences d’un point de vue juridique, car il entraîne un régime de responsabilité spécifique, qui pèse sur les détenteurs successifs mais également sur les producteurs initiaux de matériaux du bâtiment. Ce statut implique ainsi des obligations particulières en matière de transport, de traitement, de stockage, etc., passible de peines d’emprisonnement et d’amende en cas de non respect. Il est important de limiter nos impacts en étant toujours sur la partie la plus haute de la pyramide de valorisation, en se prémunissant d’être un « déchet ».


Pyramide de valorisation

Du haut vers le bas, les traitements sont de moins en moins vertueux et efficients

Pyramide des traitements des PEMD (Produits, Équipements, Matériaux, Déchets)

Prévention : la réparation ou la rénovation restent des actions à prioriser.
Réemploi | Même usage : les matériaux réemployés ont un usage et des performances techniques identiques à ceux initiaux.
Réemploi | Détournement d’usages : les matériaux réemployés ont un usage différent à celui initial.
Valorisation matière | Réutilisation : les matériaux détournés de leurs fonctions initiales, impliquent que ces matériaux soient, temporairement, considérés comme un déchet.
Valorisation matière | Recyclage : les déchets sont retraités pour être employés selon leur fonction initiale ou à d’autres fins.
Valorisation énergétique : englobe les opérations de recyclage, la fabrication de combustibles solides de récupération, la valorisation de matière (réutilisation, recyclage, remblaiement ou comblement de carrière) et la valorisation énergétique.
Élimination : mise en décharge et enfouissement des déchets sans valorisation (éviter jusqu’au bout la filière de combustion ou un enfouissement).

Cycle de vie du projet UEHC, déconstruction et réemploi

UNA ingénierie a réalisé le diagnostic ressources, et a établi les pièces spécifiques relatives au réemploi au dossier de consultation des entreprises pour ensuite effectuer le suivi de chantier. La déconstruction sélective du bâtiment existant est faite par l’entreprise retenue. Une partie des produits, équipements et matériaux sont revendus grâce à une boutique éphémère ou réemployés sur le bâtiment neuf, les déchets non-dangereux sont recyclés ou valorisés énergétiquement.

En fin de vie, une déconstruction sélective doit devenir la norme et remplacer la démolition.

Suzanne Marrier et Fabrice Birolleau,
en charge de l’économie circulaire chez UNA ingénierie

Cycle de vie de l’Ecocampus, projet neuf

Le bailleur social Alogéa a acheté les tuiles plates à Terreal avant qu’elles ne soient recyclées et l’entreprise de menuiserie intérieure a puisé dans ses vieux stocks pour proposer des mobiliers de couleur au même coût que le blanc. Seuil architecture et Una ingénierie coconçoivent le mobilier et 50% des façades de l’Ecocampus de Lasbordes à partir de matériaux de fin de stocks ou déclassés esthétiquement.

Cycle de vie du collège de Castelnau d’Estrétefonds, projet neuf

Après un atelier de sensibilisation du Conseil Départemental sur le thème du réemploi, en vue de réduire le bilan carbone de l’opération, un certain nombre de matériaux et équipements vont être mis en oeuvre pour leur offrir une seconde vie.

Concevoir une construction mettant en oeuvre des matériaux de réemploi peut nécessiter de faire évoluer le projet en fonction des ressources et matériaux disponibles, par un travail approfondi de sourcing. Car il n’existe pas encore en 2022 de réseau de revendeurs suffisamment institués pour garantir la fourniture de tout type de matériaux de réemploi sur l’ensemble du territoire français. De plus en plus, de plateformes de vente de matériaux de réemploi apparaissent en France ces dernières années, qu’il s’agisse de plateformes dématérialisées ou physiques, qui développent une véritable expertise dans le domaine.

Le développement de ces pratiques et la massification de l’usage des matériaux de réemploi dans les constructions sont la clé de voûte de la viabilité à long terme de la filière du réemploi. La réussite de telles opérations nécessite une collaboration étroite entre les parties prenantes du projet. Elle est à ce titre indissociable de la volonté commune de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’oeuvre de construire avec du réemploi et de concevoir ensemble des solutions innovantes, dans le cadre normatif de la construction.

De part, leur caractère unique, les matériaux de réemploi peuvent présenter des opportunités pour les concepteurs qui travaillent à inscrire leurs pratiques suivant les codes esthétiques contemporains.